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estant entré dans la ville, non plus avant que la Cousture Saintte Catherine. Lequel avoit depuis rez de chaussée sept toises trois piedz de hault jusques à la cyme de la coronne, et huict toises de large, d'ouverture unze piedz, sur dix piedz d'espoisseur, sans y comprendre les saillies; laquelle espoisseur de dix piedz, et le plat fondz voutté ou cintré d'icel­luy arc estoit revestu de thoille.
Aux deux costez de l'ouverture, y avoit deux grandes histoires les plus amples qu'il fut possible de prendre avec leurs éncastremens, le tout de platte peinture, d'envyron quinze piedz de hault, en ce comprins le pied d'estal jusques à l'un pan. Icelles histoires ou tableaux estoient asscavoir :
Celluy du costé senestre, d'une figure de femme representant la France, pour monstrer le regret que portoit laditte Province sur le departement dudict Seigneur Rov; et à costé droit estoit representé son voiage, icelluy Roy estant accompaigné de grande multitude de Nymphes.
Au dessus desquelles histoires estoient deux tables avec telles inscriptions asscavoir :
A la joue dextre dudict arc estoient escriptz ces deux vers :
Non odio sed amore tvi vt remoremvr evntem vrimus has naves, quas nlmphis nvmina mvtant,
[Page 8i, n° 12.]
signifiant que les Nimphes de France eussent vo-lunliers empesché ung si desplaisant départ, et que pour cest effect elles brusloient des navires;
A l'aultre joue dudict arc estoient aussy incriptz deux autres vers au nom desdittes Nimphes :
NYMPHAE NVNC, NVPER CLASSIS TVA, PER MARE NOS TE PROSEQVIMVR, TEQVE ARCEMVS COM1TESQVE PERICLIS.
[Pugc 81, n° i3.]
Il y avoit encore dessoubz la voulte ung aultre grand tableau faict de platte peintlure, ou estoit re­presenté Mars sur un chariot triumphal, avec une telle inscription de quatre vers latins :
qvalis hyperboreas celebrans post proelia pompas, Mars Pater incendit tvrmasqve dvcesqve seqventes qvemqve trivmphali dvcit longo agmine<-> cvrrv : tallis it henricvs pompa comitante trivmphi.
[Pop; 81, n° i5.]
DU BUREAU                                               [1573]
Aux deus costez d'icelluy arc, y avoit à chacun ung grand pied d'estail, de cinq piedz huict poulces de hault sur six pieds et demy de large, comprinses les saillies et corniches; sur lequel pied d'estail y avoit des grandes pillastres canelées ou striées, qui avoient deux piedz ou envyron de largeur, chacun accompaigné de leur basse et chapiteau de telle pro­portion que l'ordre le requeroit à l'endroict des sus­dictz grandz piedz d'estalz.
Et avoit ung autre grand pied d'estal advancé au devant d'iceulx, qui estoit de pareille haulteur et largeur convenable pour poser deux grandes colosses de figure, representans l'une la France, l'aultre la Pollongne. Lesquelles figures tenoient chacune leur sceptre en main gaulche; et quant à leurs mains dextres, se les présentoient l'une l'aultre, pour mons­trer une alliance et confédération des deux Royaumes et Provinces. Icelles figures avoient chacune de neuf à dix piedz de hault et estoient aornées et vestues, asscavoir :
Celle qui représentait la France, d'ung accoustre-ment de manteau royal semé de fleur de lis d'or, le fondz d'azur, et le revers d'ermines, estant couronnée du laurier et affeublée en accoustrement de Nymphes ;
La Polongne estoit aussy vestue d'ung accoustre­ment royal, sçavoir est, d'ung grand manteau rouge semé d'aigles d'argent avec une aultre couronne de laurier.
Et pour le parachèvement et ornement dudict arc triumphal, y avoyt au dessus des pillastres ornez et coronnez de leurs architraves, frizes et corniches; lesquelles architrave, frize et corniche estoient en­richies de peintures comme il apartenoit.
Au millieu d'icelluy arc, frize ct architrave, y avoit une table de dix piedz de long sur deux piedz de hault; laquelle estoit ornée au dessoubz de deux palmes et couronnes de laurier, dans laquelle estoient escriptz les vers latins qui ensuivent: ..............................................(-)
Aux angles y avoit plusieurs victoires, armes, trophées.
Au dessoubz de laditte corniche, estoit érigé ung sodé ou attique dans lequel y avoit une grande his­toire, de neuf piedz de large sur quatre piedz un
'' Au Registre: ORDINE.
: A cet endroit, Dom Félibien indique (p. 433) que la pièce de vers latins dont il est fait ici mention est celle qui commence ainsi : PAR PIETATIS AMOR. . . Cette inscription de huit vers figure ci-dessous, p. 117.